Angers

 

Musée Jean Lurçat de la ville d'Angers

"...Le premier titre de ce Chant du Monde, c'était La joie de vivre. Je n'ai pas tardé à me convaincre que la vie, pour quelqu'un qui tente de vivre droit, c'est chose sucrée et salée, douce et amère, convulsive et sereine"
Jean Lurçat présentait ainsi son oeuvre, Le Chant du Monde, exposé dans l'hôpital Saint-Jean (XIe siècle). Il constitue le plus grand ensemble contemporain de tapisseries (80 m de long sur 4,50m de haut).

Peintre cartonnier, Jean Lurçat découvre, en 1937, l'Apocalypse, immense tenture tissée pour Louis 1er d'Anjou au XIVe siècle et présentée au château d'Angers. Bouleversé par ce qu'il considère comme l'un des plus hauts chefs-d'oeuvre de l'art occidental, il entreprend alors le Chant du Monde, réplique moderne de l'Apocalypse.

Jean Lurçat, tantôt angoissé par les menaces qui pèsent sur notre monde (La grande Menace, l'Homme d'Hiroshima, le Grand Charnier, la Fin de Tout), tantôt emporté par la confiance qu'il porte à l'homme (l'Homme en Gloire, la Conquête de l'Espace, Champagne, la Poésie), utilise son langage des formes, des rythmes et des couleurs pour transmettre son message tout au long de cette suite de dix tapisseries.

Jean Lurçat disait que Le chant du monde était pour lui la "table des matières d'une existence", fiel et miel mêlés.

Le Chant du Monde a été exposé à Paris, Allemagne, Belgique, Montréal, San Francisco, et en décembre 1998, au Japon
     
  L'oeuvre de Lurçat est également évoqué par des tapisseries, gravures, céramiques, ainsi que de nombreux tableaux qui occupent à l'Hôpital Saint Jean tout une salle (huile, gouaches, dessins).
Musée Jean Lurçat et de la Tapisserie Contemporaine    

Jean Lurçat commente le chant du monde

Il est courtois, et ce n'est pas un geste vain que de parfois s'expliquer devant son public. Le peintre, tout comme l'écrivain, peut tirer quelque avantage d'une préface à son oeuvre.

Une oeuvre d'art, en effet, qu'on se l'avoue ou qu'on refuse d'en convenir, c'est un colloque.

L'artiste vous tend la main lorsqu'il expose (lorsqu'il s'expose) ; il vous tend la perche. Il a tout à perdre à tenter alors de faire des grimaces, c'est d'ailleurs de petite manière.

Vous avez sous les yeux une oeuvre qui est le fruit du travail d'un peintre secondé par une équipe d'exécutants, les ouvriers tapissiers de la Creuse.

Cette oeuvre a débuté il y a sept années, en 1957 environ. Je dois prévoir quelques années encore avant de faire tisser en bas de la dernière tenture, en bas du dernier chant, le mot FIN.

Une oeuvre semblable, amorcée tard et donc talonnée par la vieillesse, c'est en quelque sorte la table des matières d'une existence. Est-il besoin de dire que certaines cicatrices, certaines expériences personnelles (les unes éprouvantes, échevelées, d'autres tragiques), certains conseils d'amis chers m'ont incité à entreprendre ce long travail.

Tout s'y mêle, s'y entrecroise, tout y est tissé, tressé dans cette longue aventure. Ne vous étonnez donc pas d'y trouver du fiel et du miel. Ce n'est pas un lamento, moins encore une romance. Mais terminée, cette oeuvre dont l'avenir dira si elle fût valable ou inutile, n'aura pas posé sur la vie un regard oblique ou funèbre.

Bien au contraire !

Le premier titre de ce «Chant du Monde» c'était «la joie de vivre». Je n'ai pas tardé à me convaincre que la vie, pour qui tente de vivre droit, c'est chose sucrée et salée, douce et amère, convulsive et sereine.


1956-1957 :

Début de la "Joie de Vivre" qui deviendra "Le Chant du Monde" ; ensemble de tapisseries qui seront tissées à Aubusson chez Tabard, Goubely et Picaud.

Tissage de l'ensemble "La Grande Menace" :

1958 : Suite du "Chant du Monde" :

Tissage de l'ensemble "La Tenture des Soleils" :

1959 : Poursuite du "Chant du Monde" :

1960 : Huitième panneau du Chant :

1961 : dernier élément du Chant tissé de son vivant :

1963 : Première présentation du "Chant du Monde" à Annecy.

1965 : compose "Ornomentos Sagrados" (4,40 x 10,50m), dixième tenture du Chant terminée après sa mort.

1966 : Grâce à Madame Simone Lurçat, le "Chant du Monde" est installé dans l'ancien hôpital Saint-Jean, à Angers.